L’appellation « Forêts Climat », créée par Nos Grandes Forêts, nous invite à repenser notre rapport à la nature, en soulignant qu’une gestion durable des forêts est nécessaire face à nos enjeux climatiques. Ces écosystèmes ne se contentent pas de pousser; ils sont conçus pour prospérer, séquestrer le CO² et enrichir la biodiversité.
Les principes de gestion forestière des forêts climat ne sont pas révolutionnaires. Ils reflètent avant tout le travail des experts forestiers. Ils mettent l’accent sur le fait que le bénéfice économique tiré de la forêt (son rendement) ne peut pas prendre le pas sur ses services écosystémiques (biodiversité et climat).
Les forêts jouent un rôle crucial dans la régulation du climat de notre planète. Elles agissent comme de précieux puits de carbone, absorbant le CO² de l’atmosphère et libérant de l’oxygène, essentiel à la vie sur Terre. Ainsi, on estime que forêts et les sols forestiers séquestrent environ 20% de nos émissions de GES.
Ayant conscience que la forêt française est l’une des plus développées d’Europe mais qu’elle a perdu en 10 ans, 50% de sa capacité à stocker du CO² à cause de son manque d’entretien et de sa difficulté à s’adapter au changement climatique, Nos Grandes Forêts s’est fixé pour mission de prendre soin du patrimoine forestier existant. Avec le label « Forêt Climat », la société à mission veut promouvoir une gestion durable des forêts sans objectif de rendement forestier mais avec un objectif clair de séquestration du CO². On vous l’explique.
Comment définir une Forêt Climat ?
Une diversité d’essences pour une forêt résiliente
La forêt climat se caractérise par une composition diversifiée, incluant au moins trois essences d’arbres, avec une prédominance de feuillus. Cette diversité est cruciale pour augmenter la résilience de la forêt face au changement climatique et aux maladies. Les forêts mixtes sont plus résistantes et récupèrent plus facilement après des perturbations, garantissant ainsi leur longévité et leur capacité à capturer le carbone à long terme.
Gestion durable et régénération naturelle
La gestion d’une forêt climat se fait selon un Plan Simple de Gestion (PSG), élaboré par un expert forestier. Ce plan inclut des pratiques telles que les coupes d’amélioration et les coupes d’éclaircie, avec un taux de prélèvement d’environ 20% – bien en dessous de la moyenne nationale. L’objectif est de maintenir un couvert forestier continu, favorisant la croissance des jeunes pousses et la régénération naturelle. Les coupes rases sont strictement limitées, appliquées uniquement dans des situations sanitaires critiques de la forêt.
Entretien en futaie irrégulière
Pour favoriser la résilience de la forêt, les forêts climat sont entretenues en futaie irrégulière. En mélangeant dans un même espace des arbres de plusieurs générations avec des diamètres de troncs hétérogènes, on favorise la régénération naturelle de la forêt et sa capacité à résister aux évènements extrêmes. Nous avons tous en tête ces images de forêts Landaises soufflées comme des dominos par les tempêtes. En choisissant principalement des feuillus, dotés de systèmes racinaires mieux ancrés dans le sol forestier et en pratiquant la sylviculture en futaie irrégulière, on minimise très fortement le risque de vivre ce type d’évènement dans une forêt climat.
*source : ONF « forêt mosaïque » infographie – 2020
Préservation de la biodiversité
Un équilibre écosystémique bénéfique
La forêt climat ne se contente pas de lutter contre le changement climatique; elle vise également à créer un habitat propice au développement de la biodiversité. Des zones spécifiques, appelées îlots de sénescence, sont aménagées pour représenter jusqu’à 5% du volume boisé, offrant un refuge et des ressources à une variété d’espèces animales et végétales. Cette approche holistique assure non seulement la santé et la vigueur des forêts, mais contribue aussi à la richesse écologique de notre planète.
Une adaptation nécessaire des pratiques sylvicoles
De même, en supprimant les coupes rases, on préserve au maximum la biodiversité. Cette pratique sylvicole industrielle est aujourd’hui très contestée. La coupe rase provoque une augmentation de près de 10° au niveau du sol qui met à mal l’écosystème fongique de la forêt. Elle supprime l’habitat d’un grand nombre d’espèces (oiseaux, petits mammifères, insectes) et peut parfois représenter une barrière à la circulation de la biodiversité.
Nous lui préférons donc une pratique de coupes sélectives, les coupes d’éclaircies. En coupant certains des plus grands arbres, on libère de l’espace et on amène de la lumière permettant la croissance des plus jeunes sans perturbation excessive de l’écosystème global.
Ce mode de gestion n’est évidemment pas le plus rentable économiquement. Il s’approche du modèle dit de « libre évolution » mais en diffère par le fait que nous acceptons la nécessité de prélèvements ponctuels pour optimiser la séquestration de carbone.
Conclusion
En conclusion, nous sommes convaincus que la généralisation de notre approche de forêt climat est une solution pour la forêt cohérente avec les politiques mises en œuvre à l’échelon Européen, notamment via la CSRD. S’engager pour les forêts climat, c’est contribuer à minimiser les risques environnementaux.
En adoptant des principes de diversité des essences, de régénération naturelle, et de gestion durable, les forêts climat deviennent des écosystèmes plus résilients. Notre choix de gestion limite très fortement le rendement forestier. Il nous impose de développer de la valeur autrement, notamment en engageant les acteurs économiques, les entreprises, pour qu’elles nous soutiennent dans le développement de la valeur écosystémique de la forêt, qui à ce jour, n’a pas de prix de marché. Ensemble, par des efforts concertés et une gestion éclairée, nous pouvons restaurer et préserver les fonctions écologiques essentielles des forêts tout en contribuant à la lutte contre le changement climatique.
S’inscrire à la Newsletter
Rejoignez notre communauté et découvrez les mystères de nos grandes forêts en vous inscrivant à notre newsletter exclusive!